Combien de fois avons-nous entendu cette ritournelle ces dernières années ? Alors, simple expression devenue un automatisme dès qu’il y a un coup de chaud ou phénomène réel du dérèglement climatique ? Peut-on vraiment dire qu’aujourd’hui « Y a plus d’saisons » en France ? David Legrand nous donne son avis sur le sujet :
« Il est vrai que le changement climatique entraîne des phénomènes météorologiques déstabilisants. C’est indéniable. On peut le constater avec les fluctuations de températures qui sont parfois brutales. Par exemple, le 16 janvier 2024, en journée, il faisait 1 degré, le lendemain, nous sommes passés à 14 degrés en après-midi, pour redescendre brutalement à 1 degré le 18 janvier 2024. Il y a aussi le réchauffement de la Terre et tous les aléas climatiques qui s’intensifient en nombre et en force.
Cependant, les saisons restent tout de même bien marquées. Dans les faits, on constate quelques décalages, mais ce n’est pas flagrant. Je constate que les gens suivent la météo et les informations au jour le jour, ils sont hyperconnectés certes, mais pas forcément à la nature. Le système de consommation fait aussi en sorte de brouiller les cartes. On peut manger des fruits et légumes en toutes saisons par l’importation. Les cultures sous serre permettent aussi de raccourcir l’hiver et de prolonger l’été. On mange des fraises dès le mois d’avril, des fois avant et on a des aubergines encore en novembre.
Si on regarde l’environnement, il y a des marqueurs qui annoncent les saisons. Par exemple, la sortie des pissenlits lance le printemps, ce sont les premières fleurs qui activent le réveil des insectes et incite les pollinisateurs à sortir. J’invite aussi les gens à sortir des villes pour observer la nature, car de par l’activité humaine, les températures sont biaisées. Aller se balader en pleine forêt apportera de nombreux indicateurs. Voir éclore le paysage, ça doit se réapprendre, il faut savoir que tout ne fleurit pas au printemps, certaines espèces ont été domestiquées par l’homme pour du marketing comme le Camelia forcé sous serre pour le commercialiser dès janvier ou encore les roses en plein mois de février.
Dernière chose, nous en avions déjà parlé lors d’un précédent article, en France, nous suivons le calendrier grégorien, qui a été découpé équitablement selon le nombre de jours de l’année. Or, il faut savoir qu’il n’est pas vraiment en phase avec le calendrier des saisons. Le calendrier chinois est beaucoup plus précis avec l’inclinaison et la position de la Terre face au soleil. Ainsi, le printemps arrive mi-février, l’été fin mai, l’automne mi-août et l’hiver mi-novembre. Quand on observe les végétaux et les animaux, on s’aperçoit que c’est tout de suite beaucoup plus logique, alors oui, dans ce cas, on peut dire que par rapport à notre calendrier, y a plus d’saisons ! »
Propos recueillis par Émilie Marmion